La France est intervenue au Mali. Il y a les « pour” et les “contre
». La France jouant son rôle de puissance-à- intérêts, peut-on lui en
vouloir ? Demandez à Bozizé.
Aussi face au tollé général (« France libératrice du Mali
») qui cache les réalités, nous nous inscrivons à contre-courant. Et nous
posons les questions qui devraient interpeller chacun de nous, chaque
africain.
Des militaires de palais…
Voici un pays, le Mali, tenu par une junte qui, non
seulement, est une dictature mais aussi, comble du comble, a fait son coup
d’Etat pour ne pas aller au front ! Tout comme les fameux putschistes de 1978,
en Mauritanie, pour arrêter la guerre du Sahara. Les putschistes maliens sont
l’image même de ce que nos armées sont devenues des machines à putsch guidées
par des opportunistes à la quête du pouvoir, et qui ont développé dans leur
rangs une lâcheté qui a détruit depuis longtemps le sentiment de défense d’un
pays et d’un territoire.
Pendant que le Nord du Mali est occupé, pendant que les
islamistes de tous bords, détruisent le patrimoine mondial, amputent, tuent et
égorgent les citoyens maliens, les putschistes maliens se vautrent dans le
pouvoir, cherchant le confort et les privilèges. Le ridicule de Sanongo
promulguant quelques semaines après son putsch un Décret lui accordant, les «
droitS et avantages d’un « ancien chef d’Etat », ne fait pas de doute.
Mais n’est-ce pas là l’expression la plus lumineuse de ce
que sont devenus nos militaires ?
Au lieu de battre les tambours, rassembler, mobiliser et
aller au front libérer le pays, les militaires maliens nommaient des premiers
ministres qu’ils emprisonnaient aussitôt, torturaient dans les casernes les
contestataires à leur dictat, neutralisaient par les armes la société civile,
abandonnant les populations du Nord à leur triste sort, indifférents au
patrimoine du pays qui se détruit et palabrant pour garder le pouvoir. Un
pouvoir sur une portion d’un pays qu’ils n’ont pas eu le courage de libérer.
C’est à l’appel d’un premier ministre nommé par ces
militaires que la France est intervenue au Mali. Et elle est intervenue sans
préalables ni conditions. Et c’est là où le bât blesse. Non seulement elle
s’est substituée à l’armée malienne pour libérer le pays, mais elle n’a posé
aucune condition, notamment le départ des militaires et le retour au pouvoir
des civils. Elle est intervenue un point c’est tout. Chantre de de circonstance
de la Démocratie . Confortant ainsi des putschistes dans un pays non seulement
occupé mais soumis.
Des africains dépendants.
L’intervention de la France, avec ou sans succès, pose
une question existentielle majeure, les Africains sont-ils capables de prendre
leur destin en main ?
Voilà un pays africain, membre de l’Union Africaine dont
l’intangibilité des frontières est non seulement garantie par le droit
international et par la charte de l’Organisation continentale qui est occupé depuis
des mois, dont les populations souffrent , dont le patrimoine et les ressources
sont pillés et qui ne devra sa libération qu’à une force étrangère aux
africains et au continent !
Des mois entiers où l’Union Africaine, la CEDEAO,
déploient une diplomatie du ridicule, dépensant des millions de dollars pour
des va-et-vient d’émissaires, de chef d’Etat; organisant les réunions, les
rencontres avec les putschistes maliens, et avec le reste du monde, rien !
Rien !
La crise malienne est l’exemple le plus pertinent que
l’on puisse donner en ce siècle de l’immaturité des dirigeants africains, de la
dépendance des organisations africaines et de l’irresponsabilité des armées
africaines.
Une France enlisée
La France, ancienne puissance coloniale est venue au secours
de ses anciennes ( ?) ouailles.
La France-Afrique est terminée vive l’Afr-ance !
Hollande aura beau s’égosiller que la France-Afrique «
c’est fini » que c’est bien, malgré lui, les dirigeants africains eux-mêmes qui
en redemandent ! Le cynisme de certains dirigeants africains n’est pas à
démonter.
Ce qui reste à démonter maintenant, c’est comment la
France va-t-elle se tirer de ce pas ? Elle a mis en danger les otages français
entre les mains des terroristes, elle va certainement y laisser des hommes et
des millions d’euros et elle ne pourra jamais, quelle que soit l’aide qu’elle
recevra « anéantir » le terrorisme au Sahel.
Et la France, repartira (si jamais elle repart) et les
islamistes reviendront.
Curieusement avant de prendre la décision de s’enliser
dans le désert, les décideurs français ont-il jamais entendu parler de
l’Afghanistan, où la première puissance militaire du monde s’est embourbée et
les contingents français avec? Les
Talibans ont-ils disparu pour autant ?
A moins d’une décision de retrait, la France s’enlisera
dans les sables-mouvants d’une situation inextricable, car le remède à
cette situation n’est pas de chasser des occupants mais de mettre fin à ce et
ceux qui les maintiennent dans les lieux. En effet, les facteurs de maintien des
islamistes au Mali et dans tout le sahel sont:
- Les dirigeants des pays voisins complaisants avec les
terroristes ;
- La drogue qui sert Aqmi et les dirigeants des pays
voisins ;
- La forfaiture des militaires putschistes ;
- L’appui aux terroristes par des pays du golfe (fort
connus)
Si cependant par un gigantesque tour de force
militaro-politique on met fin aux facteurs précédents, il y a les facteurs qui
sont invincibles et qui risquent de faire de cette guerre un effort vain :
- Les populations dans le désert qui protègent les
islamistes et dont très souvent ils sont issus. Ces islamistes fournissent des
soutiens matériels à ces populations (pauvres et démunies).
- les frontières poreuses et incontrôlables dont aucun
des pays de la zone ne peut assurer le contrôle ;
- le désert, enfin, qui s’étend sur des milliers de
kilomètres et où les mirages sont aussi mortels que les tempêtes de sables qui
couvrent les colonnes terroristes.
Après être sortie par la porte des indépendances (la
France des ex-colonies), la France est revenue par la porte de la dépendance
politico-financière (France-Afrique). Elle a voulu avec Hollande la refermer.
Elle a réussi, mais elle est restée à l’intérieur.
Pr
ELY Mustapha

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